Entretien avec Anthime Caprioli VP Corporate & France Communications de Schneider Electric

À l’occasion du talk « Comment raconter sa transformation durable ? », organisé par The Editorialist en décembre 2024, nous avons eu le plaisir de recevoir Anthime Caprioli, Vice-Président Corporate & France Communications chez Schneider Electric. Dans cet article, il nous transmet son expérience et évoque les succès et les difficultés rencontrées en chemin. Voici les temps forts de cet échange.

Vous dites que la transformation durable est au cœur de Schneider Electric depuis vingt ans. Pourquoi et comment cette démarche a-t-elle commencé ?

Cela remonte à 2003, sous l’impulsion de Jean-Pascal Tricoire, alors COO (et futur directeur général) de l’entreprise. Nous avons compris très tôt que la durabilité était un enjeu stratégique, tant pour notre performance économique que pour notre résilience organisationnelle. Schneider Electric s’est d’abord positionné sur les sujets énergétiques, puis progressivement sur la transformation digitale. Ce qu’il faut avoir en tête, c’est que le développement durable, c’est un marathon. Nous l’avons petit à petit intégré dans notre ADN, avec des outils comme le baromètre Planète & Société, aujourd’hui devenu le Schneider Sustainability Impact Index. Ce programme nous a aidés à transformer l’entreprise et à mobiliser tout le monde autour du développement durable.

Quelles ont été les grandes étapes de cette transformation ?

La mobilisation interne a été le premier chantier. Il a fallu sensibiliser nos collaborateurs à la sobriété énergétique, à la biodiversité ou encore à l’économie circulaire. Ces thématiques, ces récits, nous les avons d’abord travaillés en interne. Aujourd’hui, nous relions tous ces sujets à nos objectifs ou à nos indicateurs de développement durable. Cela constitue le cœur de notre plan de communication interne.

Nous avons également intégré des critères de durabilité dans la rémunération variable de nos managers, et cela, dès le début des années 2010. Cet incentive peut atteindre entre 20 et 30% de la partie variable de leur rémunération. Un levier qui s’est révélé très efficace.

Enfin, les grands événements mondiaux, comme la COP15 à Copenhague et la COP21 à Paris, ont marqué des tournants. Schneider Electric y était présent via des actions de communication qui ont aidé à la prise de conscience interne. Ces deux évènements (et d’autres, bien sûr) ont permis d’ancrer ces enjeux dans la conscience collective et de renforcer notre récit en interne et en externe.

Comment avez-vous construit un récit crédible et mobilisateur ?

Cela commence toujours par la cohérence entre nos discours et nos actions. En interne, nous avons construit une communauté d’ambassadeurs pour porter ce message à tous les niveaux de l’entreprise. Ces relais sont essentiels pour concrétiser notre vision sur le terrain.

Plusieurs entreprises l’ont expérimenté pendant la crise énergétique. Le plus important, c’est d’avoir des relais, des porte-parole à qui l’on va donner les outils de communication pour relayer les messages au niveau le plus local possible. Nous travaillons sur les « deux faces » : au verso, le besoin d’incarnation et de leadership et de l’autre côté, les relais du quotidien qui portent et rendent concrètes nos actions.

Quel rôle joue le leadership de Schneider Electric dans ce processus ?

Il est central. Nous avons eu la chance d’avoir un PDG qui, à chaque discours, ramenait les enjeux de durabilité au cœur des priorités. Ce soutien a été décisif. Mais, le leadership doit s’incarner à tous les niveaux, jusqu’aux ambassadeurs locaux qui traduisent ces valeurs au quotidien.

Vous mentionnez une approche ciblée selon les audiences. Quels publics souhaitez-vous mobiliser en priorité  ?

Nous mettons un effort particulier sur nos clients directs, en particulier les grandes entreprises du Top 500 mondial, avec une cible spécifique sur les dirigeants de niveau C-level. Ces décideurs sont essentiels, car ils pilotent les grandes transitions dans leurs organisations.

Pour cette audience, nous utilisons des campagnes mettant en avant des projets réalisés avec des partenaires comme Decathlon, Icade ou Nexans. Nous voulons les mobiliser en démontrant l’exemplarité de leurs pairs. L’objectif est de prouver que Schneider est le partenaire idéal pour accompagner une transition énergétique et durable de manière holistique, en combinant conseil stratégique et opérationnalisation.

Quant aux autres publics, nous ne relâchons jamais nos efforts. Par exemple, la mobilisation des collaborateurs reste un chantier de fond. Chaque année, lors de la Semaine européenne du développement durable, qui coïncide avec la Climate Week à New York, Schneider Electric organise des événements pour sensibiliser et engager nos équipes. En 2023, nous avons mis l’accent sur les thématiques sociales, notamment la diversité et l’inclusion, en collaboration avec nos partenaires et fournisseurs. Cela illustre notre volonté de faire avancer tous les aspects du développement durable, pas uniquement environnementaux.

Votre approche « glocale » (globale et locale) semble jouer un rôle clé dans votre stratégie. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Nous sommes une entreprise globale, mais nos opérations sont profondément ancrées dans les réalités locales. Nos dirigeants sont répartis dans quatre hubs mondiaux (France, États-Unis, Inde et Hong Kong) et la prise de décision est décentralisée pour s’adapter aux contextes locaux. En matière de communication, cela signifie que nous donnons un cadre global, et que la mise en œuvre est laissée aux équipes locales, qui connaissent mieux leurs publics.

La réglementation en matière de durabilité évolue rapidement. Comment Schneider Electric se prépare-t-il à ces nouvelles contraintes ?

L’arrivée de la directive CSRD et d’autres réglementations similaires impose aux entreprises une transparence accrue et des indicateurs plus nombreux. Cela nous incite à repenser nos outils de mesure. Que va-t-on continuer à mesurer pour rester leader ? Cela sera une nouvelle étape dans notre manière de communiquer et de démontrer notre impact.

Publié le 10 décembre 2024 par Julianne Clamens

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